Savez-vous qui vous êtes ?
Entretiens d'embauche, rendez-vous galants, réunions professionnelles… nombreuses sont les occasions lors desquelles nous devons nous présenter. Quels que soient l'âge ou l'expérience, l'exercice se révèle difficile. Quelles informations faut-il donner ? Le nom ? Le prénom ? Les origines géographiques ? L'expérience professionnelle ? Selon la situation, nos choix sont différents. C'est un peu comme si notre identité changeait en fonction des personnes à qui nous parlons. C'est ce que les chercheurs appellent « l'écosystème de l'identité traditionnelle ». Cet écosystème se compose de trois sphères : l'identité personnelle, l'identité sociale et l'identité culturelle. La première comprend les informations qui sont inscrites dans l'état civil, celles qui sont reconnues légalement. La seconde concerne les caractéristiques qu'un individu partage avec les groupes auxquels il appartient comme son âge, son métier ou son sexe. Enfin, la troisième, qui est souvent confondue avec l'identité sociale, correspond aux normes et aux valeurs qu'un individu partage avec une culture.
À ces trois sphères s'en ajoute aujourd'hui une nouvelle, celle de l'identité numérique. En effet, les réseaux et les sites web sont porteurs de nouvelles identités. L'identité numérique regroupe nos identités sociales, personnelles et culturelles et les rend plus complexes. Elle est constituée des nouvelles informations que nous créons autour de notre identité comme nos pseudos, nos identifiants ou nos avatars. À ces informations s'ajoutent les traces que nous laissons sur Internet, soit par ce que nous écrivons ou diffusons, soit par ce que les autres écrivent sur nous. Contrairement à notre identité réelle qui évolue sans cesse, notre identité connectée est figée par l'outil informatique qui garde nos traces en mémoire. Or, ces informations sont loin de rester secrètes et intéressent particulièrement les publicitaires qui nous imposent ainsi des réclames de produits susceptibles de nous intéresser. Si ce phénomène peut effrayer, l'ignorer serait encore plus dangereux. En effet, pour se protéger de l'utilisation des données, mieux vaut sélectionner soi-même les informations que l'on veut diffuser en se créant un profil numérique plutôt que de laisser les autres parler de nous.