Quel paradoxe de penser qu'auparavant, à l'époque de la Nouvelle-France (1534 - 1763), on faisait partout l'éloge du « parler canadien », parce qu'il était considéré comme une forme particulièrement pure du français. Mais à partir de la Révolution française, en gros, le monde entier a changé d'avis. L'accent québécois était soudain devenu « lourd » et « sans grâce », voire « corrompu » sans qu'on ne comprenne bien pourquoi. La réponse est peut-être apportée par le livre du professeur Jean-Denis Gendron, spécialisé en phonétique, qui a publié D'où vient l'accent des Québécois ? Et celui des Parisiens ? Il confirme que les Français affirmaient bien à l'origine que l'accent des Canadiens était similaire à celui des Parisiens alors qu'à partir du XIXe siècle, ils disaient qu'il était tout à fait distinct. Comment expliquer ce revirement ? En réalité, ce ne sont pas les Canadiens qui avaient changé leur façon de s'exprimer mais les Français. J.-D. Gendron a donc orienté ses recherches vers les modifications qui ont eu lieu en France.
Avant la Révolution, il y avait deux modèles de diction à Paris : le « grand usage » était la langue savante des discours publics, de la justice et de l'administration, de la bourgeoisie instruite. Le « bel usage », qui primait car plus courant, était réservé à la langue de la sphère privée et dans les salons de l'aristocratie. Sa prononciation, plus relâchée que celle du grand usage, avait pour but de paraître plus naturelle. C'est à ce bel usage, plus proche du peuple et courant, que le parler de la Nouvelle-France ressemblait du point de vue de la prononciation en presque tout point.
Mais la Révolution française modifia les usages par une révolution qui fut aussi linguistique. Le bel usage des aristocrates fut remplacé par le grand usage des bourgeois. Repris par les gens de lettres, leur façon de s'exprimer remplaça définitivement la prononciation relâchée des salons. Paradoxalement, l'ancienne prononciation, bien que naguère aristocratique, commença à « faire paysan ». Trop éloigné de Paris, le Canada n'a pas suivi cette évolution, les liens entre l'Hexagone et sa colonie étant très limités du fait de la politique suivie par la Grande-Bretagne.
D'après : http://www.immigrer.com/faq/sujet/dou-vient-laccent-quebecois-.html