Interview du mois
Notre magazine a rencontré cette semaine, Claire, jeune docteur, qui a fait sa thèse sur le biomimétisme : une recherche pionnière en France, où l'on connaît peu cette nouvelle approche s'inspirant des systèmes vivants et de la nature pour apporter des réponses efficaces et innovantes face aux enjeux industriels, urbains ou environnementaux.
Elle répond à nos questions.
Science au présent : Quelle est la place occupée par le biomimétisme en France ?
Claire : La France est un peu en retard en Europe, par rapport à l'Allemagne par exemple. Seule une cinquantaine d'entreprises se sont engagées dans la voie du biomimétisme. Mais la démarche intéresse de plus en plus de monde et les choses pourraient évoluer : un Centre européen d'excellence en biomimétisme a ouvert dans notre pays, à Senlis, pour favoriser la coopération et les échanges entre scientifiques et équipes de recherche publiques et privées.
Science au présent : Pourquoi est-ce important de développer cette approche ?
Claire : Du développement de cette discipline dépend le succès de la révolution industrielle qui est en cours. Il est nécessaire d'innover tout en étant économe en énergie et en ressources et respectueux de l'environnement. Or, les écosystèmes ont su s'adapter et optimiser leur mode de fonctionnement au fil des siècles. S'en inspirer permettrait de trouver de vraies solutions et de relever les défis de notre société, afin qu'elle soit plus compatible avec la biosphère.
Journaliste : Concrètement, ça donne quoi ?
Claire : Dans le secteur de l'énergie, le professeur Fontecave cherche à s'inspirer de la réaction des plantes à la lumière pour produire de l'hydrogène à partir d'énergie solaire et d'eau : ce gaz pourrait devenir le carburant bio-inspiré du futur… De même, un groupe automobile explore la possibilité de s'inspirer du métabolisme humain pour créer un moteur décarboné, c'est-à-dire le moins émetteur possible de CO2. Mais il reste encore beaucoup à faire dans le domaine du biomimétisme.