Animateur : Vous aimez les salades de pommes de terre ? Oui ? Visiblement, vous n'êtes pas le seul… Un homme a réussi à récolter 49 000 euros sur un site de financement participatif pour une salade de ce genre ! Plus étonnant, en revanche, le projet humanitaire de Lydia au Tchad n'a, lui, permis de collecter que 250 euros ! Les plateformes de crowdfunding se multiplient en Europe comme ailleurs. Le principe de ce nouveau modèle économique collaboratif ? Vous créez un projet, le présentez en ligne, et de généreux internautes – disons qu'ils le sont plus ou moins – vous aident à le mettre sur pied grâce à leurs dons. Comme ça, ça a l'air simple, n'est-ce pas ? En pratique, toutefois, les choses sont plus compliquées et si beaucoup de projets trouvent des investisseurs, de nombreux autres ne voient jamais le jour. Xavier Duval, vous êtes cofondateur d'un site de crowdfunding. Pouvez-vous nous expliquer pourquoi seule une grosse moitié des projets présentés sur votre site a réussi à se faire financer l'année dernière ?
Xavier Duval : Deux raisons principales expliquent ces échecs. La première est assez évidente. Tout d'abord, ils sont dus à l'amateurisme de certains porteurs de projet : ils pensent pouvoir s'improviser spécialistes dans un domaine dans lequel ils n'ont pourtant aucune légitimité. Par exemple, un maçon qui voudrait ouvrir un restaurant aura logiquement plus de mal à convaincre et à mobiliser la communauté qu'un commis de cuisine ! La seconde raison tient à l'investissement qu'on met pour promouvoir son projet. La collecte de fonds ne va pas se faire toute seule, simplement parce que vous avez mis un projet en ligne, même s'il est excellent. Il est impératif d'avoir une vraie stratégie de communication derrière tout ça. Promouvoir son projet et récolter des fonds, c'est un vrai job ! En outre, il faut dire que, pour l'instant du moins, les Français restent peu réceptifs à ce mode de financement dans un but strictement professionnel. Ils sont plus enclins à donner lorsque le projet est clairement humanitaire. Pour ce qui est de la solidarité comme fondement d'une économie alternative, en revanche, ils sont plus hésitants. Les mentalités doivent encore changer mais ce n'est qu'une question de temps !